Discussion:Pierre Mosca

De TFC Matchs.

Pierre MOSCA : "Sans le foot, je ne sais pas quoi faire !" (TFC, Uzès Pont du Gard, football) Pierre Mosca a dirigé le TFC pendant deux saisons. Il eut l'immense mérite de maintenir l'équipe en D1 malgré des difficultés financières qui l'obligèrent à lancer toute une génération qui n'était pas forcément prête à assumer autant de responsabilités. Vingt ans après, depuis Uzès Pont du Gard (nouveau promu en CFA qui s'apprête à défier Colomiers pour la première journée de CFA) où il maintient un contact avec le foot amateur, il se souvient aussi avoir formé le gardien Casanova, l'éducateur Mombaerts et le coach Baup, les trois entraîneurs du TFC version Sadran. (par F.D.)


Pierre Mosca, ici aux côtés de l'ancien journaliste jean-Louis Morin, responsable de la communication du club gardois. Monsieur Mosca, en 1989, depuis Montpellier, qu'est-ce qui vous pousse à venir à Toulouse ? Après deux ans à Montpellier, j'étais libre et c'est Francis Andreu, un autre ex-montpelliérain, qui avait servi d'intermédiaire. Je me souviens, j'avais rencontré le président Delsol, à Carcassonne, à mi-chemin. Il avait été sensible à mon profil et à un élément essentiel pour lui : à Sochaux et à Montpellier, mes équipes avaient terminé meilleures attaques du championnat. Monsieur Delsol voulait retrouver un TFC offensif et spectaculaire. Il pensait que j'étais l'homme de la situation.

Ce ne fut pas le cas ? Le TFC était dans une situation financière très difficile. La première saison, nous avons terminé dans la première partie du tableau (9ème) mais je pense avoir essuyé les plâtres lors de la seconde. Paillard, Durand, Khidiatouline, Reichert, Assadourian, Passi étaient partis, il ne restait que des gamins du centre, Hernandez, Fouka, Roda, Bancarel, Bastère, Fernandez… Tous ont été titularisés en équipe I alors qu'ils jouaient en D3 jusqu'alors. Par la force des choses. J'étais contraint et forcé de les utiliser. Comme à côté d'eux nous n'avions pu prendre que des joueurs moyens, on s'est sauvé en barrages contre Lens grâce à l'impact des plus expérimentés qu'étaient Despeyroux, Marcico ou Delpech. Il est évident que dans ces circonstances, les objectifs présidentiels affichés à mon arrivée, n'étaient plus réalisables. La preuve, lorsque je suis parti, l'équipe est descendue (en 1994 : ndlr).

"Le TFC est dans l'obligation de réussir son recrutement s'il veut durer au plus haut niveau du championnat. Il n'y a pas d'autres solutions."

Pourquoi êtes-vous parti ? Sur décision des membres du comité directeur qui voulaient voir d'autres têtes et qui, par la suite, se sont distingués par leur grande incompétence.

Partiez-vous avec ou sans regret ? Avec des regrets car si la première année avec les gamins avait été normalement difficile, la suivante s'annonçait mieux puisqu'ils avaient déjà un an de plus. Ils étaient plus performants. J'aurais bien aimé continuer l'aventure avec eux. Nous avions fait le plus dur en nous maintenant. Car en cas de descente, on aurait les flingués. Au contraire, le maintien les a valorisés.

Avez-vous gardé des contacts avec certains ? Moins maintenant mais pendant longtemps je suis resté proche de Francis Andreu. Aujourd'hui au TFC, le relais s'appelle Alain Casanova que j'ai formé à l'INF Vichy pendant trois ans lorsque je m'occupais des gardiens de but. Avec lui, Olmeta, Deplagne, nous avons fait des stages en Yougoslavie, en Italie, à Benfica. Curkovic intervenait aussi parfois…

"Si vous n'avez pas à la tête du club un président qui peut investir financièrement de manière conséquente, vous finissez par tourner en rond."

Etes-vous surpris de le voir aujourd'hui à la tête du TFC ? Oui, par la rapidité de sa nomination. Parce que la promotion interne n'était pas forcément celle que les gens attendaient. Non, je ne suis pas surpris eu égard au profil du garçon, réfléchi et méthodique. Il avait le morphotype du coach mais savoir à quel niveau il pourrait s'exprimer, c'était difficile à dire. Le destin a parlé.

Que vous inspire ce TFC version Sadran ? Un socle est en train de se construire et j'apprécie d'autant plus cette politique qu'à notre époque nous étions sur du sable. C'est la formation qui nous avait sauvés. D'ailleurs, pour lui rendre hommage, je n'avais pas hésité à aligner, au début d'un match, onze joueurs issus du centre de formation. Notre classement le permettait, la presse l'avait relevé… On comptait beaucoup sur le centre mais sans avoir le choix. On allait dans le mur car ce n'était pas, et ce n'est toujours pas, en terme de prestige et d'ambition sportive, une politique qui correspond au club de la quatrième ville de France. J'ai connu la même problématique à Sochaux qui est descendu en D2 à deux reprises en dix ans pour avoir trop tiré sur la ficelle de la formation. Je reste persuadé que si vous n'avez pas à la tête du club un président qui peut investir financièrement de manière conséquente, vous finissez par tourner en rond.


En 1990, avec Baup comme adjoint, Pierre Mosca coachait Galtier, Despeyroux, Pons, Debève, Fernandez, Debu et Pavon, tous devenus entraîneurs depuis... Sachant cela, comment voyez-vous l'avenir du TFC ? L'ensemble n'est pas encore assez solide. On ne peut rien programmer sinon considérer que le TFC a de bonnes chances de rester en Ligue 1 dans les années qui viennent. Mais imaginez que dans les deux ou trois ans qui viennent, partent les joueurs qui sont au-dessus du lot aujourd'hui, les Gignac, Didot, Sissoko, Capoue… et que les garçons qui les remplacent ne soient pas au même niveau ! Cela suffirait pour revivre une saison difficile. A part deux ou trois clubs comme Lyon, l'OM ou le PSG qui peuvent compter sur un recrutement conséquent, les autres ne sont surs de rien d'une année sur l'autre. Le TFC est dans l'obligation de réussir son recrutement s'il veut durer au plus haut niveau du championnat. Il n'y a pas d'autres solutions. Aujourd'hui davantage qu'à notre époque, ils ont moins le droit de se planter quand ils recrutent. Tout est plus compliqué.

Quel souvenir pensez-vous avoir laissé à Toulouse ? Je pense avoir acquis l'estime de pas mal de gens, en tout cas ceux qui étaient conscients que je ne pouvais pas faire mieux avec les éléments que j'avais. J'ai tissé des liens affectifs très forts avec "papy" Delsol. J'ai beaucoup d'estime pour lui et je pense que c'est réciproque. Un signe ne trompe pas. Quand je croise d'anciens joueurs de l'équipe, les Despeyroux, les Delpech, les Marcico ou Khidiatouline, on sent qu'ils estiment l'entraîneur que j'étais. Dans ces cas là, on ne peut pas tricher et franchement, ça fait plaisir de voir cette reconnaissance dans leurs yeux.

"L'impact de la démographie de la ville sur le club doit devenir plus conséquent que ce qu'il a été."

Et vous, quel souvenir gardez-vous de vos deux saisons toulousaines ? J'ai passé deux années extraordinaires à Toulouse parce que j'aime cette ville et cette région. Je reviens souvent à Pompertuzat, où je résidais et où j'ai conservé des amis. J'ai beaucoup apprécié la mentalité rugby qu'il y avait. Je me souviens avoir partagé des repas d'avant-match avec le Stade Toulousain à l'invitation de Pierre Villepreux et Jean-Claude Skrela. C'était fabuleux de les voir se préparer. J'en ai gardé un goût prononcé pour le rugby. Aujourd'hui, je préfère regarder à la télé un Stade Toulousain-Biarritz qu'un Auxerre-Le Mans. Je trouve qu'il y a moins de pleureuses que dans le foot. Grâce à mon passage à Toulouse, j'ai pu faire la différence. Le milieu du foot devrait s'en inspirer.

Outre Alain Casanova à Vichy, vous avez aussi la particularité d'avoir côtoyé Eric Mombaerts et Elie Baup ! Oui, c'est vrai. Eric Mombaerts est aussi un ancien de l'INF Vichy. J'avais déjà mon DEPF lorsqu'il était jeune entraîneur. Du fait de notre passé commun, nous avions des relations privilégiées. C'est un garçon avec qui je m'entendais bien. Elie Baup était mon adjoint à Toulouse. Pour l'anecdote, trois de mes anciens adjoints sont devenus aujourd'hui numéro 1. Avec Baup, il y a eu aussi Guy David et René Exbrayat. Dans mon fonctionnement, j'avais intégré qu'il n'était pas bon d'être entraîneur plus de trois ans de suite dans le même club. Donc je préparais rapidement le terrain pour qu'un de mes adjoints prenne la suite. J'ai revu souvent Elie Baup lorsqu'il était à Bordeaux et qu'il avait dans son effectif, mon gendre, Laurent Croci.

Qu'avez-vous pensé de son départ de Toulouse ? Cela ne m'a pas plus surpris que ça. On brûle aujourd'hui plus facilement ce qu'on adoré hier. Les notions de rendement et de marketing interviennent de plus en plus qui brouillent la réalité sportive. L'amour du maillot, du club, tout ça sont des valeurs qui se perdent. J'aurais eu du mal à me fondre dans ce moule parce que je ne suis pas un homme de concession. Sans me comparer à eux, je suis de la même génération que les Herbin, Gress ou Suaudeau qui n'ont jamais accepté l'ingérence des dirigeants dans leur domaine technique.

Où est la vraie place dans la hiérarchie du football français ? J'ai l'impression que le TFC a retrouvé un niveau qu'il n'aurait jamais du quitter. Le TFC dans le top 10, c'est la normalité. J'ai toujours associé la démographie d'une ville et son potentiel économique à l'ambition sportive qui devrait être celle de son club. Depuis quelques saisons, en tête du championnat, on a eu Lyon, Bordeaux, Marseille, Lille… et Toulouse pas loin derrière mais dans une situation encore fragile. L'impact de la démographie sur le club doit devenir plus conséquent que ce qu'il a été. Une grande ville doit se donner les moyens de sa représentativité culturelle et sportive. J'apprécie beaucoup le travail qui est effectué par le président Sadran depuis 2001, celui entamé par Alain Casanova cette saison, mais ils n'ont fait que ramener le club à sa place. Je vous transmets là un sentiment plus affectif que technique. J'espère de tout cœur pour eux que le meilleur est à venir.

Propos recueillis par F.D.

PIERRE MOSCA Né le 24 juillet 1945 à Demonte (Italie) Clubs successifs : Joueur : Montpellier (1964-67), Monaco (1967-76) Palmarès : finaliste de la coupe de France (1974) Entraîneur : INF Vichy (1977-81), Sochaux (1981-84), Rennes (1984-87), Montpellier (1987-89), Toulouse (1989-91), Toulon (1991-92), Nîmes (1995-2001), Stade Spiritain, Martinique (2005-06), Aiglon du Lamentin, Martinique (2006-2007), Uzès Pont du Gard, directeur sportif (depuis 2007).


En CFA, Uzès Pont du Gard sur la route de Colomiers...

Uzès Pont du Gard est l'équipe qui monte dans le Gard ! Directeur sportif d'Uzes Pont du Gard depuis trois saisons, Pierre Mosca ne saurait vivre sans football. C'est donc en passionné qu'il a mis son expérience au service d'un club qui n'en finit pas de monter et qui a été repêché, au même titre que Tarbes, pour évoluer en CFA cette saison... pour une deuxième montée en trois ans.

L'après TFC "Après le TFC, je suis parti à Toulon où j'ai vite vu que l'environnement malsain qu'il y régnait n'était pas fait pour moi. Ensuite, je suis resté six ans à Nîmes comme entraîneur et directeur sportif, puis je suis parti aux Antilles avec mon épouse parce que j'aime beaucoup cette région. Depuis 2007, je donne un coup de main à un ami, président d'Uzés Pont du Gard, comme directeur sportif. Et ça m'arrange car sans le football, je ne sais pas quoi faire. A mon retour en métropole, j'avais peur de m'ennuyer. Et je ne le regrette pas parce que je me régale."

Les ambitions d'Uzès Pont du Gard "Notre but était de confirmer notre première saison en CFA2 qui nous a vus terminer 7ème, et pourquoi pas de jouer les trouble-fête. Notre début, le 16 août, au stade de Montbord au Pontet a été difficile et s'est soldé par une courte défaite (1 à 2). Notre entraîneur, Ramzi Youssefi, qui a réalisé un remarquable travail (et qui sera remplacé par son adjoint Samuel Cruz : ndlr), a su motiver ses joueurs qui ont signé alors trois victoires, dont une loin de leurs bases à Trinité, qui ont ensuite alterné les séries positives et négatives, pour terminer par une invincibilité de 11 journées avec en point final la victoire 2 à 0 face à Bastia, au mythique stade de Furiani. Le groupe qui avait peu bougé depuis la DH était intransigeant à domicile où il ne s'est incliné qu'une fois face à Marseille et ne redoutait plus les déplacements où, grâce à un bel état d'esprit de camaraderie et de solidarité, il engrangea 5 victoires et 4 nuls. Le gardien Duchesne que nous avons recruté en début d'année, apporta l'expérience d'un ancien pro. Et il y eut un coup du sort qui orienta définitivement notre regard vers le haut. Le 24 janvier, en fin d'après midi, nous recevions Cannet-Rocheville, par un temps incertain. Les visiteurs menaient 2 à 0 lorsqu'un violent orage éclata et le stade Pautex fut plongé dans l'obscurité. Le match fut donné à rejouer et nos gars l'ont emporté. Tout était alors possible !"

Les mouvements d'Uzès Pont du Gard Départs : Martinez (Martigues), Boutaib (Bagnols), Ramzi (entr.). Arrivées : Fabre (Bagnols), Bilek (Agde), Boukhari (Arles), Regragui (Narbonne), Abrugui (Bagnols), Robinot (Chusclan). D'autre part, trois anciens pros s'entraînent actuellement avec le groupe, Colloredo (Nîmes), Coulibaly (Martigues) et Bochu (Louhans Cuiseaux) et vont peut-être s'engager avec Uzés mais leur statut ne leur permettra pas de jouer avant le 1 octobre prochain.

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